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Les glandes et le psychisme

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On a reproché au docteur Gau­tier d'expliquer tout par les glandes et d'avoir des vues tron­quées et mécanistes. Il ne s'agit pas tant d'expliquer tout que de com­prendre comment notre esprit peut se trouver perturbé par l'interven­tion de nos endocrines. Car, chaque fois que l'esprit est atteint, les glan­des le sont aussi et réciproquement. Nous savons que l'affectivité, les tendances, comme la pensée et l'ima­gination, sont tributaires de nos glandes. Il est normal qu'un désé­quilibre de ces dernières reten­tisse sur nos diverses facultés de même que l'imagination ou l'affec­tivité aie une action sur nos glan­des. Si l'homme est esprit, il est aussi fonctionnements et aucune de ses potentialités ne se manifeste sans ces fonctionnements. L'absorp­tion d'excitants signifie bien que notre esprit dépend de notre corps. Certains se sentent amoindris sans leur toxique qui procure une cer­taine euphorie intellectuelle. Pour d'autres, c'est l'alcool ou le tabac, et d'autres encore la drogue... Cer­tains seulement savent que le mode d'alimentation détermine notre équi­libre glandulaire. C'est cet équili­bre que l'on doit viser plutôt que l'excitation momentanée. L'excita­tion produite par les toxiques et les diverses drogues n'ont qu'un effet : la fatigue glandulaire à long terme et l'amoindrissement de nos facul­tés. L'équilibre, lui, entretenu et cultivé procure la santé et la lon­gévité.


Le freudisme (1) a fortement con­tribué à faire croire que le psychis­me était une entité mystérieuse, puissante, magique et fascinante. L'inconscient hante ceux qui veu­lent se trouver des raisons d'espérer ou de justifier leurs attitudes psychologiques. Mais point n'est besoin d'aller si loin. L'inconscient n'est pas un être double dont il faut craindre ou respecter les sau­tes d'humeur et qui déterminerait notre personnalité de manière ca­chée. La tromperie freudienne a fait de douloureuses dupes car son « psychologisme » interprétatif ne se fonde sur aucun critère physiologi­que ou glandulaire.


Or, il faut répéter que le fonc­tionnement de l'esprit implique très étroitement celui des endocri­nes. Par conséquent, une thérapeu­tique doit tenir compte également des glandes et du psychisme. L'en­docrine la plus importante, au point de vue de la vie de relation, est la thyroïde car elle est la glande de l'adaptation et des émotions. L'oxydation cellulaire et organique, donc la vie même de l'être, s'effec­tue principalement par l'activité thyroïdienne. Lorsque cette glande est en équilibre avec les autres, une décharge thyroïdienne équi­vaut à une euphorie intense tandis qu'une suppression hormonale pro­duit un état de tristesse, de dé­pression, de mélancolie. Ces don­nées simples perdues dans des traités d'endocrinologie anciens ont été négligées pour des raisons inconnues. Les médecins les connaissent généralement mais aucun n'en tient compte dans les recherches neuro-psvchiatriques.


La thyroïde nous adapte aux cir­constances ou bien nous désadapte selon l'équilibre glandulaire où nous sommes. Ce dernier n'est effectif que si les autres glandes viennent apporter leur contribution à l'équi­libre général. L'hypophyse apporte à l'esprit des possibilités de calcul, de sang froid moral, de pondération. Les hypophysaires sont donc moins sujets aux troubles psychologiques car ils sont moins émotifs. La sur­rénale apporte à l'esprit des idées matérialistes, objectives, terre à terre. Elle donne le tonus muscu­laire et fait apprécier la force, la domination dont le sentiment est d'autant plus grand que le sujet se sent solidaire avec d'autres (ins­tinct grégaire). Cette glande s'oppo­se donc à la tendance « mysticoïde » idéaliste, irréaliste, qu'ont souvent les thyroïdiens. La génitale est éga­lement pondératrice car elle agit sur la thyroïde pour la modérer ou la stimuler par la volonté qu'elle représente. La volonté fait agir la glande génitale sur nos divers or­ganes, et l'intégration de l'acte, pro­duit en vue d'une fin, est essentiel­lement une coopération du cortex cérébral et de la glande génitale in­terstitielle. Lorsque la thyroïde n'est plus soumise à la régulation interstitielle, les risques de démen­ce sont grands. Déjà le Professeur M. Dide, à la suite du célèbre Kraepelin, rattachait la démence à la faiblesse de la glande interstitielle. La thyroïde peut alors adopter des régimes fonctionnels tellement va­riables que l'imagination est trou­blée, la pensée devient impossible et l'on peut assister à des délires ver­baux ou à des actes irraisonnés.


L'équilibre de ces différentes in­fluences glandulaires sur notre cérébralité aboutit à l'efficience psy­chique. Nos glandes possèdent, par action sur le cerveau et l'organisme entier, une palette de possibilités très importantes. Les combinaisons hormonales sont infinies et toutes les nuances de caractère et d'intel­ligence sont assurées par nos endo­crines sur la base des possibilités fondamentales de chaque glande particulière. Le cerveau est un or­gane récepteur et intégrateur. Il n'est pas un organe directeur. Le jour où la médecine renoncera à la toute puissance du « cerveau-di­recteur » peut-être sera-t-on à la veille de mieux comprendre l'hom­me et son mystérieux psychisme.


Comprendre le psychisme consti­tue un problème d'ensemble. On ne peut séparer l'action des glandes et celle des centres nerveux. Quant à l'esprit, qu'est-il si l'on ne peut dire qu'il est déterminé par le corps ? L'esprit réclame le corps qui n'est que sa condition d'exercice. C'est cette condition d'exercice des fa­cultés de l'esprit que la science peut appréhender sans statuer sur le pro­blème métaphysique de la nature de l'esprit. Nous ne sommes pas déterminés par les glandes mais seulement conditionnés par leurs fonctionnements. Ceci laisse le champ libre à la liberté de se ma­nifester.»

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Jean du CHAZAUD. La vie claire Octobre 1978

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(1) « Freud a menti ! », Dr J. Gautier (CEVIC, éd.) — « La psychanalyse de­vant la Médecine et l'Idolâtrie », par H. Baruk (éd. Zikarone, 3. rue Richer 75009 Paris).

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