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L'enfant, ce glandulaire inconnu

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Depuis plusieurs décennies les spécialistes de la psychologie de l'enfant ou « psychologie génétique » rivalisent de théories, aussi sa­vantes et ingénieuses les unes que les autres. Toutes sont l'expression d'une attitude intellectuelle pure­ment analytique. Le nombre invrai­semblable des concepts, des théo­ries, des interprétations est tel qu'aucun esprit n'essaie plus de prendre le recul nécessaire à une compréhension authentique et plus synthétique de l'enfant, mais s'ef­force au contraire de suivre ce rythme effréné. Les auteurs sont contraints de passer le plus clair de leur temps à connaître les tra­vaux de leurs confrères. Ils confron­tent ainsi leurs recherches analy­tiques et expérimentales fondées sur' la statistique toute puissante dont on tire toutes les lois.


Ils font des symposiums et des congrès, des communications et des livres, ils écrivent de longues pages de critiques, toutes basées évidemment sur leur propre interpréta­tion.


La psychologie traditionnelle a rejeté l'introspection et le « mentalisme » car elle n'offrait pas les garanties objectives des compor­tements observés ; les auteurs ne semblent pas s'être aperçus, pour­tant, que le subjectivisme est né­cessairement présent dans toute expérience sur l'humain, dont le caractère est loin d'épuiser toutes les variables intermédiaires et in­contrôlables qui en grèvent la clarté.


Que peut apporter l'expérimen­tation et la statistique pour la connaissance de l'enfant, si ce n'est la technicité et l'ingéniosité même des expériences ponctuelles de chaque auteur ? Des exemples illus­trent toujours ce qu'on peut dire. Ainsi, Decroly parle des observa­tions de Pavlovitch sur son propre enfant, dans l'acquisition du lan­gage :


A 9 mois il distinguait « TATA » et « KAKA » ; il les prononçait tous deux « kaka ». De 14 à 17 mois il employait « marna » dans le sens de « nema » (ce qui veut dire : il n'y en a pas). D'autre part, Jespersen et Jacobson parlent d'un enfant qui employait « tosson » à la fois pour « cochon » et pour « garçon » mais semblait fortement réagir quand un adulte employait l'un pour l'autre. Alarcos Lhorach donne l'exemple de « klac » pour « talc » et « claque » etc. Que veulent prouver les au­teurs ? Eh bien que l'enfant peut arriver à différencier des énoncés distincts avant de pouvoir articuler, ce qui les conduit à parler d'une « compétence supérieure à la per­formance ».


Est-on bien avancé sur le pro­blème de l'acquisition du langage ? Est-ce vraiment intéressant ? Dou­tons-en.


Ces éléments partiels font avan­cer la connaissance de l'enfant com­me le vent pousse une automobile en panne pour la faire arriver à destination.
Si les recherches ont pris un tel tour statistique c'est parce que la connaissance des mécanismes neu­ro-physiologiques reste une véritable énigme. Ils eurent constitué, certes, la connaissance idéale mais ils restent impuissants à fournir une explication de la perception, de la préhension, de la sensation, du langage, de l'émotion, etc.


Si donc, les mécanismes neuro­physiologiques sont une énigme et pour cause — le système nerveux ne joue qu'un rôle secondaire chez l'enfant — n'encourageant aucun chercheur à poursuivre dans cette voie peu consolante, la connais­sance approfondie de l'influence des glandes endocrines sur le dé­veloppement humain allait donner la clé du mystère à un savant de génie : Le docteur Gautier.


Ainsi Gautier découvrit que l'en­fant est sous la domination de la glande surrénale de 0 à 1 an, sous l'influence de la thyroïde de 1 à 7 ans, sous celle de l'hypophyse de 7 à 11 ou 12 ans, de la génitale à partir de 11 ou 12 ans.


Le tonus musculaire que donne la surrénale explique ainsi cette performance bien connue du bébé qui peut serrer fortement et long­temps un objet ou le doigt qu'on lui présente. Les premières expé­riences de la préhension trouvent, là, leur explication simple. C'est ensuite la période où la thyroïde, dont l'hormone est nécessaire aux enregistrements nerveux et à la for­mation des automatismes, devient plus fonctionnelle pour que l'enfant puisse acquérir son langage et la vie de relation.


C'est en effet le moment où il commence à marcher, à articuler ses premiers mots. Puis, il devient remuant, aime jouer, courir, appré­cie les contes dont se régale son imagination, car, agissant sur le cerveau, la thyroïde donne l'imagi­nation. L'hypothyroïdien congénital, en revanche, (myxœdémateux, cré­tin congénital, mongolien), n'ac­quiert pas de langage correct et ne marche que très tard. Une preuve supplémentaire de cette activité thyroïdienne : le métabolisme ba­sal est le plus élevé à 5 ans. A partir de 5 ans, il décroît imper­ceptiblement pour se stabiliser. A 7 ans l'hypophyse intervient plus fortement. L'enfant se met à gran­dir davantage, les mains et les pieds augmentent, les facultés intellectuelles se dessinent. Il acquiert les notions d'espace et .de temps. L'hypophyse est la glande des comparaisons, du calcul, des évalua­tions et des symbolismes. C'est aussi l'époque où l'enfant acquiert l'écriture et le calcul.


A 10 ans, 11 ans, intervient la deuxième puberté où la génitale donne ses premiers signes fonc­tionnels et les caractères sexuels secondaires... vers 12 ou 13 ans la volonté se développe. Il éprouve certains sentiments élevés, altruis­tes et de sens moral, en raison de la poussée fonctionnelle de la glande interstitielle. Une découverte remarquable de Gautier est que le parallélisme ha­bituel entre le psychique et le somatique (ce qui est du corps) trouve enfin un point de rencontre dans le système endocrinien : c'est-à-dire que l'activité glandulaire exercera son action physiquement mais aussi psychiquement, et d'une ma­nière parfaitement analogue.


Prenons le cas de la thyroïde. En raison de son principe d'oxy­dation, l'hormone thyroïdienne aug­mente tous les fonctionnements, tous les métabolismes. Elle est physiologiquement signe de vivacité, de rapidité, d'efficacité. De l'extrait thyroïdien sur une plaie augmen­tera la cicatrisation dans d'énormes proportions. Elle maintient nos constantes vitales et est synonyme de vie.


Cette action qu'elle exerce physiologiquement, elle l'exerce aussi intellectuellement. Le sujet est alors vif, comprend vite, aime aussi la vitesse, aime la vie par dessus tout, est extrêmement sensible et impressionnable et il s'adapte très bien mais se soumet aussi trop facilement.


Prenons la surrénale : cette glande s'oppose à la thyroïde. Son hormone est désoxydante et atté­nuera la sensibilité thyroïdienne. Le surrénalien est court, trapu, musclé ; le thyroïdien est tout le contraire. La surrénale par son principe hormonal est donc syno­nyme de force, de lourdeur, de tonus musculaire. Intellectuelle­ment nous retrouvons cette in­fluence : intelligence nettement moins brillante, sensibilité obtuse, tendance à la cruauté et idée de mort : Quand la surrénale, épuisée, entraîne l'hypofonction thyroïdien­ne, le sujet éprouve une tendance au suicide.


Les femmes surrénaliennes, peu sensibles, ne détestent pas être bat­tues et le masochisme provient de la surrénale. Cette glande, en effet, ne s'excite que par des sensations très fortes ; cette excitation agit ensuite sur la thyroïde qui contri­bue alors à la recherche de circonstances douloureuses pour pro­voquer un plaisir.


Pour l'hypophyse c'est la même chose ; c'est elle qui permet d'éva­luer l'allongement et la symétrie des membres ; les deux jambes comme les deux mains sont d'égale longueur, les proportions du corps sont respectées et impliquent un pouvoir physiologique de compa­raison.


Or, nous savons bien que c'est l'hypophyse qui agit car, si elle sta­tue sur la longueur, elle mesure et compare ces longueurs entre elles puisqu'il y a deux jambes, deux bras, etc.


Sinon rien n'empêcherait qu'un bras soit plus long que l'autre. Ainsi, intellectuellement, c'est l'hy­pophyse qui procure aussi la men­talité analytique, comparative, évaluatrice. Ce sont les scientifiques de l'ère moderne. Tout cela n'est que très schématique mais comment exposer en quelques lignes tant d'idées passionnantes dont l'ensemble se trouve dans les deux livres du docteur Gautier (1).


Jean du CHAZAUD La vie claire Février 1978

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(1) « L'enfant : ce glandulaire in­connu » et « Dernières et nouvelles connaissances sur l'homme» (Cevic, éd. en vente à La Vie Claire).

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