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La guérison des troubles mentaux

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Le monde « psy », c'est-à-dire celui des psychologues, des psychiatres ou des psychothérapeutes, etc., prend une im­portance d'autant plus grande que le nombre des « déséqui­librés psychiques » s'accroît toujours davantage. Le plus crucial dans l'histoire c'est qu'on n'a encore rien trou­vé scientifiquement pour définir la maladie mentale ni pour guérir les malades, au point que l'I.N.S.E.R.M. s'en est in­quiété et a décidé de promouvoir la recherche psychiatrique an France.


Ce sujet passionnant risque malheureusement de faire encore couler beaucoup d'encre avant qu'on entrevoie enfin la vraie guérison des troubles mentaux.

Vaste sujet dans le monde de la psychologie, de la psychiatrie et de la psychothérapie. Dans le fouillis des travaux, des doctrines et des méthodes est-on actuellement capable de cerner clairement l'essentiel pour espérer guérir sérieusement les troubles mentaux d'une part, et redonner d'autre part la paix à tout un chacun taraudé par l'angoisse, l'anxiété, le nervosisme, l'insomnie, le tourbillon de la vie, les tendances dépressives, etc. ? Mais pour guérir, il faut comprendre et comprendre n'est pas aisé dans un domaine plein d'incertitude, où la science balbutie à peine ou pas du tout. Qu'est-ce qu'un trouble psychique ? Et que vient donc faire la « Science » dans un domaine où l'esprit et le corps sont ensemble et étroitement concernés ? N'y a-t-il pas eu de craindre que la science, avec ses gros sabots, ne puisse étudier le corps et ses mécanismes sans jamais pouvoir se prononcer sur l'esprit ? Mais la psychiatrie, la psychopathologie... ne seront alors jamais des sciences si elles ne peuvent cerner valablement les maux de l'esprit. Que valent donc leur savoir ? C'est une des préoccupations actuellement de l'I.N.S.E.R.M. qui a décidé de promouvoir une véritable politique de la recherche psychiatrique en France.


Autant de questions restées sans réponses... Et comprendre sera encore remis à plus tard : comprendre pourquoi et comment l'esprit peut être troublé, déséquilibré, malheureux, mal dans sa peau, anxieux, désespéré. Il faut comprendre ce qui se passe au double niveau psychologique et biologique; à ce double niveau, il faut en ajouter un troisième : le niveau moral car tout se tient et l'on ne peut, pour comprendre, séparer ces trois plans.


Les niveaux moral et psycho­logique répondent, dans leur fonc­tionnement harmonieux, à des cri­tères précis. Mais beaucoup de gens croient que ces domaines sont libres et que le critère mo­ral, par exemple, est laissé à la discrétion de chacun, répondant aux options personnelles que cha­cun est libre d'adopter. Il existe des règles qu'il faut respecter pour vivre sans trouble ; ces rè­gles s'imposent d'elles-mêmes pour celui qui vit dans un équili­bre harmonieux.


C'est ainsi que les sujets anxieux qui sont presque toujours des hyperémotifs le sont en rai­son d'une anomalie biologique, physiologique d'abord, puis se­condairement en raison de l'im­possibilité où ils sont de s'atta­cher au moment présent qui cons­titue la planche de salut de tous les malades psychiques. L'anxieux est pessimiste, redoute le pire, est sans cesse en attitude d'attente; il est en état permanent de ten­sion et d'alerte. Il faut dire à cet anxieux de modérer cette fuite hors du présent, de s'efforcer à vivre fortement le moment pré­sent. Il existe des méthodes, des critères. Il faut les lui donner, les lui expliquer. En fait, dire à un anxieux de se calmer ne sert pas à grand-chose. Il faut lui en accéder au véritable bonheur de vivre et à la pacification inté­rieure.


On voit donc par l'exemple de l'anxieux ou de l'angoissé que le plan psychologique est étroite­ment lié à des fonctionnements physiologiques puisqu'il existe une véritable « somatisation » de l'angoisse avec tachycardie, pal­pitations, précordialgies, blocage respiratoire, crises asthmatiformes, toux nocturnes, striction la­ryngée, spasmes œsophagiens, gas­triques ou intestinaux, vomisse­ments ou diarrhées, tremblements, crampes, fibrillations faciales ou palpébrales, prurit, éruptions urticariennes, céphalées, vertiges, bourdonnements d'oreille, cauche­mars, résistance au sommeil... et la liste pourrait s'allonger.


Il suffit, la plupart du temps, d'agir sur les fonctionnements glandulaires de façon progressive pour voir cesser toute cette kyriel­le de symptômes et, par là, faire disparaître évidemment l'angois­se et les divers symptômes psychi­ques. La sédation physiologique entraîne dans son sillage la séda­tion psychique.


On peut donc agir sur deux plans dans les troubles psychi­ques en général : le plan biologi­que qui, en retour, par feed-back en quelque sorte, réagit sur le plan psychique car les deux inter­agissent. Ainsi s'établit un équili­bre permanent entre les deux plans. La thérapeutique s'exerçant sur des cas psychologiques - on l'appelle du nom barbare de psychothérapie devra agir sur les deux bouts de la chaîne pour être pleinement efficace :

  1. Une action psychologique avec une méthode précise dont le rôle est d'aider à fixer l'attention, permettre la concentration, l'effi­cacité intellectuelle, le contrôle cérébral, véritable « arme anti-angoisse » et

  2. une action endo­crinienne précise, équilibrante, complément nécessaire à l'action psychologique entreprise.

Les deux actions s'interpénètrent très étroitement au point que l'une augmente l'efficacité de l'autre et l'autre de l'une. C'est la méthode «crino-psychothérapique » (de Krinein : sécréter), méthode qui tient compte à la fois des sécré­tions glandulaires et de l'action psychologique. Cette méthode est appelée à tous les espoirs puis­qu'elle s'empare du fonctionne­ment total de l'homme et qu'elle tient compte de l'influence psychique des fonctionnements endo­criniens.


Ce sont les travaux d'endocrino-psychologie du docteur J. Gau­tier qui ont fait faire un pas de géant à la psychopathologie puis­que, ce que les psychiatres nom­ment la « somatisation » c'est-à-dire le symptôme physique d'un trouble psychique, n'est que l'ex­pression unique d'un déséquili­bre glandulaire particulier qu'on parvient à cerner par l'interroga­tion et l'observation typologique. C'est ainsi que, souvent, il suffit simplement de modérer la thyroï­de pour voir disparaître les diar­rhées intempestives, les toux noc­turnes ou les spasmes œsopha­giens... La psychiatrie est donc dualiste en quelque sorte puis­qu'elle parle de transformation du trouble psychique en symptô­me physique, somatique. Mais le trouble psychique, tout comme le symptôme somatique ne sont que deux aspects d'un même déséqui­libre endocrinien qui réalise l'unité causale pour ainsi dire.


L'intérêt de pouvoir agir de façon endocrinienne ne préjuge en rien de l'origine du trouble psychique ou mental. Il est bien évident qu'une vie difficile, rem­plie de soucis, de préoccupations, d'émotions, de fatigues et de stress acheminera lentement un sujet vers le déséquilibre. Ce dé­séquilibre est, la plupart du temps, de forme endocrinienne pour commencer. Il ne deviendra psychique qu'en second lieu, c'est-à-dire que les troubles psycholo­giques, tels les scrupules, les pho­bies, les craintes, etc., pourront apparaître après coup et ne seront qu'une aggravation du déséquili­bre endocrinien. Ils n'en seront que la dimension psychologique. Un tel sujet qui consultera un psychothérapeute, race prospère, sera « soigné » par un seul bout de la chaîne : le côté uniquement psychologique ; le thérapeute convaincra, encouragera, ou... psychanalysera ! Ceci peut avoir de bons résultats selon la méthode ou la valeur du thérapeute. Mais, si le trouble est tenace, si l'on a affaire à de grands dépressifs, des obsédés, des schizophrènes, des mélancoliques, la psychothérapie seule ne sera que d'un maigre se­cours. Il faudra, là, agir sur l'au­tre bout de la chaîne soit directe­ment sur le déséquilibre hormo­nal. Et comme tout se tient, le côté psychique suivra.


Il faut donc établir une distinc­tion entre les malades passibles de « crino-psychothérapie » et les bien-portants atteints de troubles psychiques plus légers à qui devra suffire la méthode psychologique d'auto-éducation qui implique certains moyens. Car il s'agit bien plus d'une éducation, d'un style ou d'une règle de vie que d'une psychothérapie proprement dite. Le terme de psychothérapie peut receler une connotation de per­sonne assistée, ayant besoin de prothèse ; l'auto-éducation, au contraire, implique des règles de transformation de l'individu dont l'efficacité peut être souveraine, car elle agit aussi sur l'équilibre glandulaire de façon quasi mesu­rable.


C'est cette double méthode qui, seule, permet une guérison au­thentique et il ne faut pas déses­pérer que la psychiatrie adopte le principe de cette double action.


Jean du CHAZAUD. La vie claire Mai 1979

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